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Mustapha El Atrassi, figure incontournable de la scène comique francophone, renoue avec son art dans un spectacle intitulé Renaissance. Après un parcours semé de succès et d’embûches, ponctué par une parenthèse américaine et un retrait volontaire en 2022, l’humoriste revient en force sur les planches parisiennes et françaises. Ce article retrace son itinéraire, décrypte son style, présente les contours de son nouveau one-man-show, analyse l’accueil critique et public, et esquisse les perspectives pour cet artiste au verbe affûté.
Biographie et parcours
Des premiers pas à Tours aux planches parisiennes
Né à Saint-Doulchard, dans la banlieue de Bourges, Mustapha El Atrassi grandit à Tours, où il découvre l’improvisation théâtrale dès le collège Jean-de-la-Bruyère. Un voyage scolaire en Angleterre lui permet de s’initier au stand-up, un style venu d’outre-Manche, qui le marque profondément. À 16 ans, il écrit et monte son premier one-man-show au Point Virgule, club de référence à Paris, faisant déjà preuve d’une aisance scénique hors du commun.
Triomphe au Maroc et retour en France
À 18 ans, sa participation au concours « 15 ans, 15 talents » diffusé sur la chaîne marocaine 2M lui ouvre les portes de la télévision locale : il décroche l’un des rôles principaux dans la sitcom R’BIB, diffusée pendant le Ramadan 2004, qui fait de lui une célébrité nationale. De retour en France, il poursuit sa formation d’anglais tout en continuant à se produire sur scène. En 2005, il débute au théâtre Trévise à Paris, puis, grâce à son talent d’improvisateur, intègre la première promotion du Jamel Comedy Club en 2006.
Chroniqueur et animateur
Repéré par Laurent Ruquier, Mustapha devient chroniqueur pour les émissions On va s’gêner sur Europe 1, puis sur France 2 dans On a tout essayé et On n’est pas couché (2006–2007). Après une controverse liée à des « violences verbales » sur le plateau, il fait une courte pause et revient à l’antenne en mai 2007 avant de suivre Ruquier dans On n’a pas tout dit en septembre de la même année. De 2008 à 2011, il anime la matinale Le 6/9 sur NRJ, puis présente le talk-show La nuit nous appartient sur Comédie ! et NRJ 12 jusqu’en décembre 2012.
Le style et l’approche comique
Une maîtrise de l’improvisation
Fervent adepte de l’instantanéité, Mustapha El Atrassi puise dans ses expériences personnelles pour construire ses sketches, jouant souvent de l’échange direct avec le public. Sur la scène du Théâtre Le Métropole, il a ainsi séduit les spectateurs en mêlant narration et interactions imprévues, illustrant une confiance totale en son sens de l’improvisation.
Des thèmes universels et personnels
Entre questions d’identité, anecdotes de vie et observations sociales, ses spectacles explorent avec acuité la vie quotidienne, la place de l’individu dans la société et les clichés culturels. Il n’hésite pas à aborder ses origines marocaines, souvent en détournant les stéréotypes pour mieux les déconstruire et susciter le rire.
Le spectacle Renaissance
Genèse et concept
Intitulé Renaissance, son nouveau spectacle marque le retour sur scène après une pause annoncée en juillet 2022, où il confiait se sentir « bouffé de l’intérieur » par la profession. Le titre évoque à la fois un renouveau artistique et personnel, fruit de plusieurs années de réflexion après avoir conquis les États-Unis et expérimenté l’écriture de courts-métrages comme Ma Journée Tweet posté sur YouTube en 2013.
Mise en scène et contenu
Sur une mise en scène épurée, Mustapha propose un parcours à travers ses grandes étapes de vie, ponctué de retours sur les coulisses de la télévision, de réflexions sur l’influence des réseaux sociaux et de joutes verbales avec le public. Fidèle à son style, il multiplie les effets de surprise, alternant monologue maîtrisé et improvisation débridée.
Tournée et dates clés
Première à Paris
Le spectacle a été créé au Théâtre de l’Européen à Paris le 19 octobre 2024 et s’y joue jusqu’à mi-2025, à guichets fermés tant la demande est forte.
Parcours en province
Après Paris, la tournée s’étend à travers la France entière : Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux et Nantes, avec des escales dans des salles allant de 300 à 1 000 places. Plusieurs dates affichent déjà complet, témoignant de l’engouement du public pour ce retour tant attendu.
Échos internationaux
Mustapha n’en est pas à son coup d’essai à l’étranger : déjà distingué au Laugh Factory de Los Angeles où il s’était produit en anglais devant un public anglophone, il annoncera prochainement une tournée dans les pays francophones d’Afrique et en Suisse, confirmant son statut d’humoriste à l’audience internationale.
Accueil du public et critique
Les avis de spectateurs
Sur le site Tatouvu, les commentaires oscillent entre félicitations et réserves : certains spectateurs saluent un spectacle « sans temps mort » de près de deux heures, preuve de son endurance et de son aisance scénique. D’autres regrettent un creux dans le milieu du spectacle, évoquant quelques clichés éculés sur la pauvreté ou la vie à la télé, sans parvenir à renouveler totalement la matière comique.
La presse spécialisée
Les critiques professionnelles soulignent la maturité retrouvée de Mustapha El Atrassi, louant son écriture plus personnelle et son audace à évoquer des sujets sensibles comme la pression médiatique et le rapport à l’autre. Pour Le 360, Renaissance est sans doute « l’un des meilleurs spectacles de la rentrée » et confirme son statut d’humoriste phare de sa génération.
Enjeux et perspectives
Un humour en mutation
Avec Renaissance, Mustapha montre qu’il ne se repose pas sur ses lauriers : loin de ressasser les mêmes gags, il propose un regard neuf sur son parcours et les transformations de la société contemporaine, ouvrant la voie à une nouvelle forme de stand-up mêlant récit autobiographique et critique sociale.
Vers de nouveaux horizons
Au-delà de la tournée, l’artiste envisage de développer une série documentaire autour des coulisses du spectacle vivant et de la création comique, ainsi qu’un projet de plateau télé satirique inspiré de La nuit nous appartient. Son indépendance via Chicha Production lui permet d’explorer ces formats sans contrainte éditoriale.